Ta maison, sa climatisation et son chauffage, a fait de toi un homme faible. En te réconciliant avec la réalité difficile de la nature et de ses saisons, tu pourras développer des capacités que certains qualifieront d’extraordinaires. Telle est la philosophie sous-jacente du livre de Scott Carney sur la méthode Wim Hof : « Tout ce qui ne nous tue pas – A la Découverte de Notre Extraordinaire Potentiel ». Et pour la vérifier, il n’a pas hésité à escalader le Kilimanjaro en maillot de bain sans oxygène, à méditer sur la neige, se baigner dans la glace, et expérimenter quelques-unes des pires courses d’obstacles au monde.
Sommaire
Wim Hof génie ou charlatan ?
Surnommé « The Iceman », les exploits de Wim Hof ne laissent personne indifférent. Mais n’importe qui peut-il vraiment, grâce à sa méthode, se transformer en super héros ? C’est ce que Scott Carney a voulu vérifier, lui sans aucun antécédent sportif spécifique, serait-il capable d’escalader le Kilimanjaro, en short, sans oxygène, en seulement 4 jours, grâce à cet enseignement ?
L’homme des glaces
Wim Hof est un hollandais très médiatisé pour ses exploits de résistance au froid. Courir un semi-marathon pieds nus en short autour du cercle polaire, nager en apnée sous la glace sur 66m, gravir l’Everest ou le Kilimanjaro presque nu et sans oxygène ou rester 72min immergé dans une baignoire remplie de glaçons sont quelques-uns des 21 records qu’il revendique. Des capacités exceptionnelles qui lui permettent aussi de contrôler son système immunitaire, chose qui jusqu’alors était considérée comme impossible par la communauté scientifique.
Longtemps perçu comme une anomalie de la nature dotée d’un métabolisme hors du commun, Wim Hof s’en est toujours défendu pour montrer que n’importe qui pouvait faire de même. C’est ainsi qu’il créa la Méthode Wim Hof, basée sur des exercices de méditation, respiration et exposition au froid.
Scott Carney, au début du livre, le prend pour un imposteur, un gourou de plus se servant d’une génétique avantageuse pour commercialiser une méthode sans aucun fondement scientifique. Qu’en est-il ?
L’approche scientifique
Des scientifiques se sont intéressés à son cas et ont mené une expérience (voir la publication). Ils ont injecté à Wim Hof – et à une dizaine de ses disciples ayant suivi la méthode pendant 10 jours – une endotoxine ne présentant aucun danger, mais déclenchant normalement une réponse inflammatoire forte du système immunitaire (fièvre, fatigue, etc..).
Et là, surprise : les volontaires ne sont peu ou pas affectés par l’endotoxine quand le groupe témoin n’ayant pas été entrainé subit lui des symptômes importants pendant 3 jours.
Cette expérience montre de façon certaine une corrélation entre la Méthode Wim Hof et le contrôle du système nerveux autonome. Une découverte qui pourrait avoir de nombreuses applications pour combattre les maladies auto-immunes qui justement sont dues à une suractivation pathologique du système immunitaire.
Les malades sauvés par la WHM
Fort de ses expériences sur Wim Hof, le Pr Pickkers et son équipe poursuivent les expérimentations pour savoir si sa méthode pourrait aider des malades atteints d’affections auto immunes.
Mais Scott Carney n’a pas attendu les réponses de la science pour rencontrer quelques-uns des « miraculés » ayant croisé le chemin de Hof. Il a ainsi découvert des malades atteints de la maladie de Parkison, de Crohn ou d’arthrite sévère, pour qui la médecine classique ne pouvait plus rien, et dont chaque mouvement était devenu une torture. Ils n’avaient rien à perdre, et ont testé la méthode. Ç’a littéralement changé leurs vies.
Bien sûr, il n’y a rien d’universel ni aucune vérité ou preuve absolue. Mais ces témoignages sont édifiants et encouragent à rechercher dans cette voie.
Les athlètes adeptes de la WHM
La science et les malades ne sont pas les seuls à donner du crédit à Hof. Plusieurs athlètes de renom utilisent, ou se sont inspirés, de ses techniques.
C’est le cas du surfeur Laird Hamilton ou du kick-boxeur Alistair Overeem pour ne citer qu’eux, qui y ont trouvé une meilleure endurance musculaire, des capacités de récupération accrues, et un système cardiovasculaire plus performant. Ces techniques, ajoutées à leurs routines d’entrainement, les aident à atteindre les plus hauts niveaux de la performance humaine.
La technologie nous rend faibles
La technologie a rendu l’humanité dans sa globalité surpuissante lui permettant de prospérer au-delà des limites et de l’équilibre naturel. Mais elle nous a rendu, nous, individuellement, faibles. Nous sommes biologiquement semblables aux hommes des cavernes qui vivaient il y a 10 000 ans et qui subissaient les fluctuations du climat lors des changements de saison, ne bénéficiant que d’un confort sommaire. Le contrôle de notre environnement – la climatisation, le chauffage, les vêtements chauds – est une invention récente, qui à l’échelle notre histoire ne représente rien.
En somme, si le confort est appréciable, l’excès de confort est préjudiciable. Il nous rend peu à peu faibles, et moins aptes à affronter des climats et situations extrêmes, mais même notre environnement direct. C’est la raison pour laquelle tu tombes malade chaque hiver.
Le cerveau est globalement fainéant et aime le confort. Il est programmé pour le rechercher. Le truc, c’est qu’il y a 10 000 ans, il devait déployer beaucoup d’efforts pour n’obtenir que quelques minutes de confort. Aujourd’hui, c’est l’inverse : on fait peu d’efforts et on obtient beaucoup de confort.
La philosophie sous-jacente derrière la Méthode Wim Hof et l’expérience de Scott Carney est précisément de nous confronter à l’inconfort. Par le biais d’une exposition au froid, d’une rétention d’air, de la participation à une course potentiellement dangereuse. Tout est prétexte à trouver le « coin », cette zone qui se situe un peu plus loin du périmètre de nos habitudes. Y aller, l’apprivoiser, doit nous permettre d’être plus fort, biologiquement et physiquement, pour résister au froid ou aux maladies… mais aussi pour se découvrir un peu plus profondément.
Les expériences de Scott Carney pour trouver le « coin »
Comme tous les témoignages de personne ayant rencontré Wim Hof, on s’aperçoit que le scepticisme de Scott Carney laisse rapidement place à l’admiration. La méthode donne des résultats tellement rapides et bluffants que le journaliste n’a d’autre choix que de se rendre à l’évidence : ça marche. Et évidemment, ça lui donne envie d’aller encore plus loin dans l’analyse, dans l’expérience, pour toucher les limites de la WHM…si elles existent.
Ainsi, au fil de ses expérimentations, Scott Carney a cherché à aller toujours un peu plus loin dans la recherche du « coin ».
Il a naturellement commencé par s’exposer au froid, selon les bases de la WHM : douches froides, bain dans des rivières glacées, méditation sur la neige, ascension de sommets en short, pratique du sport en extérieur sans pull ou impair…
Puis il a décidé de pousser un cran plus loin, en s’intéressant au CrossFit, aux entrainements HIIT, puis aux courses d’obstacles. D’abord avec une Spartan, puis, comme il trouvait que ça ne faisait pas assez peur, il a été se frotter à The Mud Day pour se faire électrifier, geler, déchirer et maltraiter. Il pensait que ce serait dur, et finalement…non.
Alors il décide de participer au défi ultime de Hof : emmener un groupe n’ayant aucune notion d’alpinisme sur le plus haut sommet du monde, sans autre entrainement que la WHM, le plus rapidement possible, sans oxygène et en short. Un projet fou qui dépeindra une nouvelle image du gourou qui, frôlant l’inconscience, n’a pas hésité à abandonner les « faibles » sur la route pour réussir son exploit et faire tomber le record.
Néanmoins, 75% des 20 participants ont atteint le sommet du Kilimanjaro, dont Scott Carney qui l’a vécu comme un envol. Il n’était plus un disciple de Wim Hof, un suiveur, un élève. Il montait pour lui, suivait sa propre voie selon ses propres codes. Cette ultime réussite marque l’aboutissement du cheminement du journaliste et la fin du livre.
Les effets de la WHM sur le corps
La WHM est en partie basée sur des exercices de respiration spécifiques qui consistent en une phase « d’hyperventilation » où l’on va prendre entre 30 et 40 grandes inspirations rapides puis des expirations passives, suivies, après la dernière respiration, d’une phase de rétention d’air poumons vides. Enfin, lorsque l’apnée n’est plus tenable, prendre une dernière grande inspiration que l’on tiendra une quinzaine de secondes. Ceci constitue un cycle, que l’on réitèrera au moins deux fois (donc 3 cycles au total minimum).
L’impact de l’hyperventilation sur ton corps
Ton sang transporte de l’oxygène et du dioxyde de carbone.
La saturation en oxygène (O2) est généralement située entre 95 et 99%. Ce niveau de saturation te permet, en théorie, de tenir 10 minutes sans respirer sans risquer de dommages irréversibles pour ton cerveau. L’hyperventilation utilisée dans la WHM n’a que peu d’impact sur cette saturation en oxygène (même si elle a tendance à l’aider à être à son niveau maximal).
Par contre, elle permet de diminuer ta saturation en dioxyde de carbone (CO2). Or pendant la phase de rétention d’air, ta saturation en O2 diminue quand celle du CO2 augmente. Contrairement à ce que tu pourrais croire, ce n’est pas la diminution de l’O2 qui déclenche le réflexe respiratoire, mais bien l’augmentation du CO2. Ceci grâce à des chémorécepteurs qui permettent un déclenchement de la respiration si la pression en CO2 a atteint un seuil maximal.
Ainsi, de façon extrêmement logique, si ton niveau de CO2 au moment où tu commences l’apnée est plus bas (grâce à l’hyperventilation), il mettra plus de temps à atteindre son seuil critique, et donc, tu pourras tenir ton apnée plus longtemps.
Voilà le premier impact de la respiration WH sur ton corps : elle te permet de hacker son fonctionnement naturel pour te permettre de rester plus longtemps sans respirer. Tu peux d’ailleurs le vérifier hyper facilement. Assieds-toi, prends une grande inspiration, et retiens ton souffle le plus longtemps possible en te chronométrant. Maintenant, fais la même expérience après 3 cycles de respiration Wim Hof. Tu auras au moins doublé, si ce n’est triplé tes performances.
OK, c’est bien beau tout ça, mais à quoi ça sert ?
Contrôle ton système nerveux autonome
Tout d’abord, une faible concentration en CO2 entraine une augmentation du pH dans le sang. Or, notre alimentation moderne a tendance à acidifier le PH. La respiration Wim Hof participe donc à alcaliniser le PH sanguin (pour une durée approximative de 5 heures), lequel est associé à plusieurs bienfaits pour la santé osseuse, musculaire, cardiovasculaire et cognitive (voir l’étude).
Ensuite, l’hypoxie induite par la rétention d’air entraine la production d’hormones de bonheur (sérotonine, dopamine, ocytocine) et de stress (adrénaline) pour ensuite atteindre un état d’équilibre.
Ainsi, pendant la phase de respiration, tu actives le système nerveux autonome sympathique (SNA) qui se met en mode « combat-fuite ». Puis, la phase d’apnée te fait basculer vers le système nerveux autonome parasympathique. Le fait de basculer entre ces deux systèmes nerveux (sympathique et parasympathique) sur 3 à 4 cycles à pour effet une équilibration importante du système nerveux autonome dans sa globalité (qui régule une majorité des fonctions vitales dans la vie quotidienne).
En résumé, voici l’impact d’un cycle de respiration Wim Hof sur ton corps :
- Phase 1 : 30 à 40 respirations Wim Hof qui permettent d’augmenter la saturation en oxygène du sang tout en diminuant la concentration de CO2. Cette phase active le système nerveux autonome sympathique.
- Phase 2 : L’apnée poumons vide fait diminuer l’O2 et augmenter le CO2 dans le sang. Le corps produit des hormones de bonheur, détend l’organisme, et augmente le tonus vagal. Cette phase active le système nerveux autonome parasympathique. Lorsque le seuil maximal de CO2 est atteint, on inspire puis en entame la phase 3.
- Phase 3 : L’apnée poumons pleins de courte durée (15 secondes) instaure le calme et rééquilibre le système nerveux autonome (qui est alors au centre en superposition entre sympathique et parasympathique) et la physiologie (pH augmenté et bien oxygéné).
Quels bénéfices espérer ?
Globalement, l’exposition au froid, et plus généralement, la recherche du « coin », rend ton corps plus résistant au stress et aux maladies. Tu peux notamment regarder le Hack #2 qui t’explique comment les douches froides peuvent te rendre plus puissant physiquement et mentalement.
La respiration Wim Hof, quant à elle, te permet de :
- Équilibrer ton système nerveux pour réduire le stress, l’anxiété et combattre la dépression. Grâce au basculement entre le système nerveux autonome sympathique et parasympathique, tu rends ton SNA capable de s’adapter et de répondre avec flexibilité aux stress extérieurs et intérieurs ;
- Alcaliniser ton PH sanguin ;
- Améliorer ta performance sportive, notamment en augmentant ta tolérance à une concentration élevée de CO2 dans le sang ;
- Réguler ta production hormonale (notamment les bonnes hormones du bonheur), le métabolisme et le rythme circadien (toujours grâce à l’équilibre du système nerveux autonome et régulé par l’hypothalamus) ;
Tu peux aussi découvrir la liste détaillée des (nombreux) bénéfices de la méthode sur le site de Wim Hof.
Comment appliquer la méthode Wim Hof ?
Si, comme Scott Carney, tu veux t’essayer à la méthode Wim Hof, je te recommande d’adopter cette routine matinale quotidiennement.
Tout d’abord, réalise 3 à 4 cycles de respiration Wim Hof :
- Phase d’hyperventilation : tu inspires fort par le nez pour remplir tes poumons, puis tu expires naturellement en laissant l’air s’échapper. Complète 30 respirations.
- Phase de rétention poumons vide : après ta dernière inspiration, tu laisses l’air s’échapper sans forcer. Tu auras ainsi les poumons vides à 70%. Bloque alors ta respiration le plus longtemps possible. Lorsque ton corps ressent le besoin de respirer, libère progressivement les 30% d’air restant dans tes poumons.
- Phase de rétention poumons pleins : prends alors une demi-inspiration, et bloques à nouveau ta respiration pendant 15 secondes. Tu peux alors libérer l’air restant, puis prendre une grande inspiration.
- Ceci constitue un cycle. À répéter 3 à 4 fois.
Nota : tu peux profiter de la phase de rétention poumons vide pour faire de la méditation. Ferme les yeux et intéresse-toi aux sensations de ton corps. Puis observe le bruit coloré qui scintille derrière tes paupières closes.
Nota 2 : tu peux te chronométrer. Cela te permettra de constater ta progression. Tu constateras rapidement que la respiration WH te permet de réaliser des apnées poumons vides de plus en plus longues.
Après tes exercices de respiration, tu peux aller à la douche. Commence par de l’eau chaude comme à ton habitude, et termine par une douche froide d’une durée de plus en plus longue. Tu peux ainsi commencer par 30 secondes, et progresser vers 3 à 5 minutes. Pour plus d’infos sur les douches froides, j’ai écrit un article sur le sujet.
En dehors de ces exercices, essaie autant que possible de sortir de ta zone de confort en te confrontant au froid :
- Fais ton sport dehors ;
- Quand tu vas courir, ne mets pas de pull ou de coupe-vent, même en hiver : de toute façon, au bout d’une dizaine de minutes, l’effort te suffira à avoir chaud ;
- Baisse le chauffage de ta maison : ça te fera des économies d’énergie, et en prime, on dort mieux ! ;
- Si tu en as l’occasion, va marcher ou nager dans l’eau froide ;
- etc…
As-tu essayé la méthode ? Si oui, partage tes retours d’expérience en commentaire !
Mon avis sur le livre « Tout ce qui ne noue tue pas… » de Scott Carney et la méthode Wim Hof
Le livre de Scott Carney est vraiment passionnant, à mi-chemin entre le journalisme d’investigation, le roman d’aventures, et le documentaire scientifique. Il met en lumière Wim Hof et l’efficacité de sa méthode, avec nombre de témoignages édifiants et d’expériences captivantes. L’auteur reste fidèle à son éthique professionnelle, et, malgré l’admiration qu’il développe au fil des pages pour Hof, ne cache pas les dérives du personnage, visiblement devenu addict au risque. Car, si un stress contrôlé renforce l’organisme, la recherche perpétuelle du danger est, elle, potentiellement létale. Je recommande chaudement sa lecture, même si j’espère que cet article en est un fidèle résumé.
Concernant la méthode Wim Hof en elle-même, le nombre d’adeptes, de témoignages, et de recherches scientifiques sur le sujet, tendent à démontrer son intérêt. Même si des études complémentaires pour bien comprendre son action doivent encore être menées. Quoi qu’il en soit, une chose est certaine : la pratiquer augmentera ta résistance au froid et ta capacité à tenir des apnées longues. Quant à ses bénéfices pour le corps et l’esprit, il faut, à mon avis, s’y tenir rigoureusement pendant au moins un an pour en mesurer les effets.
Pour ma part, je pratique quotidiennement les douches froides, mais je n’ai pas intégré la respiration dans mes routines. Néanmoins, je garde le projet de tester plus en profondeur la méthode.
Conclusion : Deviens l’homme des glaces !
- Ton corps n’est plus assez stimulé par son environnement. En se complaisant dans le confort, il est devenu faible ;
- La méthode Wim Hof vise à sortir de cette zone de confort pour te rendre plus résistant ;
- Elle consiste en un système de respiration spécifique qui permet de rééquilibrer ton système nerveux autonome ;
- Et en une exposition au froid, notamment avec des douches froides ;
- Le premier bénéfice de la WHM est de te rendre résistant au froid ;
- Mais elle permet aussi de : réduire le stress, améliorer le contrôle de ton corps, réduire l’inflammation, te protéger des maladies auto-immunes, d’Alzheimer, de Parkinson, de l’arthrite, de stimuler la prolifération de cellules anti-âge, etc… ;
- La WHM est soutenue par de nombreux adeptes, athlètes célèbres, et études scientifiques qui semblent toutes confirmer son efficacité.
Pour aller plus loin :
Attention sur les conseils de l’hyperventilation pour l’apnée, c’est fortement déconseillé car cela augmente grandement les risques de syncope sans augmenter la durée d’apnée (notamment par rapport à simplement ralentir son cardio et sa ventilation avant de plonger).
Tout à fait, c’est absolument proscrit (tout comme le fait de pratiquer l’apnée seul d’ailleurs).